Mise en situation

J’ai la chance de disposer d’une connexion internet par fibre optique, chez l’opérateur historique (Orange, plus exactement son pendant low-cost, Sosh). Débit symétrique, 300 Mbit/s, TV par fibre (bon, après, c’est pas le point clé de cet abonnement 🤓) depuis quelques années.

Comme tu peux t’en douter, avec le titre de cet article, cette connexion + les émeutes = gros soucis :

(Crédit photo : Yann Le Guen)

Sous ce petit pont de bois 🎶 passe, ou plutôt passait, un fourreau de fibre desservant une grosse partie de ma ville (qui compte environ 30 000 habitants). Comme tu peux le voir, cher lecteur, le pont a subi quelques… dégradations dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet 2023 :

Attention chérie, ça va trancher

De ma compréhension des faits, la fibre optique est opérée par Orange sur la commune. Et les autres opérateurs utilisent le réseau fibre d’Orange pour connecter leur clients. Le fourreau ayant littéralement fondu, c’est l’ensemble des clients tout opérateurs confondus qui s’est retrouvé privé d’accès internet.

D’une estimation de remise en route des services par Orange au lundi 3 juillet au soir, on a rapidement glissé vers le mardi 4 juillet au soir… pour finalement se voir annoncé une remise en fonction le 24 juillet 2023 😱

Alors, on fait comment chef ?

Solution de secours numéro 1 : on bascule sur la 4G/5G

Ou pas en fait. L’ensemble des résidents se retrouvant privé d’internet, tout le monde a eu la même idée. Résultat : les antennes relais dont je dépends se sont retrouvées victimes d’un DDOS, l’essentiel du trafic habituellement gourmand (Netflix, Youtube, etc) passant à présent par la connexion GSM.

Dans la pratique, nous disposions à la maison de 2 abonnements chez des opérateurs distincts : un Free mobile 5G avec beaucoup de data, un MVNO opérant sur le réseau Orange avec peu de data.

Ne faisons pas durer le suspens : Free mobile n’a pas DU TOUT tenu la charge (déjà qu’en temps normal, ce n’est pas une bande passante 5G que l’on obtient…) Pas de ping, ou alors juste du ping, avec une latence de plusieurs secondes, pas moyen d’effectuer une résolution DNS, et donc encore moins possible de naviguer.

Sur le réseau Orange, c’était un peu mieux, mais pas mirobolant non plus. Au moins, ça a permis de faire la soudure le temps de brûler la quasi totalité du maigre forfait data.

Solution de secours numéro 2 : on fait des yeux doux à l’opérateur GSM

• Bonjour m’sieur Sosh, j’ai ma fibre qui a brûlé, comment je fais maintenant ?
• On peut vous dépanner, en vous donnant 200Go de data sur votre forfait mobile. Vous êtes bien chez Sosh/Orange pour votre GSM n’est-ce pas ?
• Heu, comment dire, non (un MVNO, ça compte pas)
• Ah, désolé, je ne peux rien faire de plus pour vous (à part un geste sur la facture)

Bon, ni une ni deux (on est pas sur un usage “loisirs”, mais pro), direction un hotspot wifi au centre commercial d’à côté, et souscription d’une ligne mobile Sosh en 5G, le temps de la panne.

Merci l’iPhone et la prise en charge de la eSim, pas besoin d’attendre que le facteur livre la carte, 24 à 36h + tard, j’avais la dite connexion dans mon téléphone.

Comme on dit, c’est bien, mais pas suffisant. Passer par Sosh a permis d’avoir un peu plus de bande passante que par Free, mais il y avait de grosses latences ou interruption de service (data) plusieurs fois par heure. Pas l’idéal pour gérer les activités de la Lesniak Corp.

Solution 3 : et internet par satellite alors ?

Starlink, vous connaissez ? (Coucou Elon 👋)

Starlink est un fournisseur d’accès à Internet par satellite de la société SpaceX qui s’appuie sur une constellation de satellites comportant des milliers de satellites de télécommunications placés sur une orbite terrestre basse (environ 550 km).

Depuis quelques mois, Starlink est accessible en France. Les prix ayant beaucoup baissé, et la situation étant assez compliquée pour l’activité pro, il était temps de tester le service.

De la simplicité de Starlink

Points clés :

• Forfait à 50€ / mois (récemment passé à 40€)
• Matériel disponible à l’achat (300€, passé à 200€ récemment également) ou à la location (10€/mois)
• Bande passante de 200/250Mbits en download, 30/40Mbits en upload (débit sujet à variation en fonction de la congestion réseau de l’opérateur, et de votre emplacement géographique et que votre antenne ne rencontre pas d’obstacle)

Pourquoi je parle de simplicité ? Parce que j’ai eu l’impression d’avoir eu entre les mains un produit Apple (bouh ! le fan boy)

On est sur du VRAI plug’n’play.

Le coffret contient :

• Une antenne
• Un pied
• Un routeur WiFi 5GHz
• 15m de câble antenne ↔ routeur
• 1,8m de câble d’alimentation

et c’est tout !

Dans la pratique, tout se fait par l’application smartphone, et est super simple. Vous êtes guidé pour savoir où positionner votre antenne (en France, orientée vers le Nord, du moins chez moi). L’application vous aide à déterminer si votre ciel est obstrué et si les conditions sont suffisantes pour que ça fonctionne.

Chez moi, j’ai “juste” posé l’antenne par terre. Je n’ai pas un ciel totalement dégagé (un mur du côté Ouest, des arbres à l’Est) pour grosso modo 5% d’obstruction.

Vous branchez le tout (antenne ↔ routeur ↔ électricité), l’antenne se place à l’horizontal, cherche les satellites. Pendant ce temps, vous configurez le WiFi du routeur (juste un SSID et un mot de passe, dans la version la plus simple) et quelques minutes plus tard, vous avez internet.

J’ai beau être une geek, j’ai été bluffé, les opérateurs télécom (internet et/ou mobile) n’étant pas toujours à la pointe de la simplicité.

Obstruction votre honneur !

L’obstruction (le fait que l’antenne ne puisse pas communiquer avec un des satellites Starlink, à cause d’obstacles) est, jusqu’à présent, peu problématique dans ma configuration. Au pire, j’ai des micro coupures de moins d’une seconde et un débit un peu plus faible à ce moment là. Pas de quoi fouetter un chat.

Pour palier à ça, il faudrait que je place l’antenne à un endroit avec un ciel un peu plus dégagé. L’abonnement Starlink ici étant pour dépanner, je ne vais pas me lancer dans des (mini) travaux pour fixer l’antenne.

Une application simple, mais qui sait parler aux geeks

(et ça, j’aime 🤓)

La plupart des utilisateurs s’arrêteront à la configuration que j’ai décrite un peu plus haut.

Mais vous pouvez obtenir toute une floppée de statistiques et/ou fonctionnalités en rentrant dans les menus :

• Bypass du mode routeur, et ainsi distribuer directement le réseau à vos équipements derrière. Pour cela, il faut brancher le Starlink en ethernet via un adaptateur vendu 40€
• Utilisation d’un DNS personnalisé
• Système de filtrage de contenu (logiciel malveillant, contenu pour adultes, etc)
• Wifi séparé 2.4GHz / 5GHz
• Mode veille (plage horaire où le matériel s’éteint/ se rallume automatiquement)
• Mode “Snow Melt” pour faire fondre la neige tout seul (pas trop concerné en région parisienne, et encore moins au mois de juillet 😂)
• Statistiques de disponibilités (avec durées d’interruption de service), de latence, et de débit en temps réel
• Outil de vérification de la portée du WiFi

Ces infos / outils sont également accessibles via l’url http://dishy.starlink.com/ dans un navigateur en étant connecté à votre Starlink. Pour les plus geeks, les informations semblent même accessible via gRPC sur le port 9001 du routeur. Des outils existent pour extraire ces données, comme ici par exemple.

Verdict

On peut ne pas être d’accord avec Elon Musk (notamment sur ce qu’il fait/dit sur Twitter, le débat n’est pas là), il faut tout de même reconnaître que Starlink / SpaceX est un produit au top.

La simplicité d’utilisation, le prix relativement abordable (on est pas très loin des prix de la fibre résidentielle en France, sans les options), et un niveau technologique impressionnant.

Toujours est-il que, sur ce coup, cette solution m’a retiré une belle épine du pied, sans pour autant que ça coûte un bras !

Dans les petits défauts (parce qu’il en faut), je relèverais la relative faiblesse du routeur WiFi et son absence native de port ethernet. Là où certains fournisseurs d’accès se targuent d’avoir une box en WiFi 6E qui va partout jusqu’au fond de ton grenier, là, la borne, en 5GHZ voit son signal s’affaiblir assez rapidement dès qu’elle rencontre un ou deux murs porteurs.

Libre à chacun de basculer sur un canal en 2.4GHz et gagner de la portée au détriment du débit.

Concernant le port ethernet, j’aurais vraiment aimé substituer ma Livebox orange par le Starlink et arroser tout mon réseau domestique d’un coup. Ça m’aurait même facilité le placement de l’antenne en me rapprochant d’une des (trop) nombreuses prises ethernet de mon domicile.

Mais il s’agit là d’un argument de geek. Monsieur/Madame tout le monde n’en a cure 🙂

Je précise que ce test a été réalisé de mon plein gré, avec mes propres deniers. Pas de test sponso ou autre influence externe. Après, je ne suis pas fermé aux dons, n’est-ce pas Elon 😂 Et qu’il reflète l’utilisation que je peux avoir d’une connexion internet (qui n’est pas la même que le client lambda : pas / peu de jeux ou stream notamment)

Crédit photo illustration : Starlink.com